Les islamistes radicaux qui contrôlent aujourd’hui le Nord-Mali focalisent sur eux l’attention médiatique. Pourtant, pour certains, la rébellion laïque du MNLA qui avait déclaré l’indépendance de l’Azawad au début du mois d’avril s’est aussi rendue coupable d’exactions.
«Les populations commencent à être essoufflées» déclare la député malienne Aïchata Haïdara, élue de Bourem au Nord-Mali, dans une interview donnée au blog Africamix du Monde le 26 octobre.
De passage à Paris avec son confrère El Hadji Baba, député de Tombouctou, elle veut sonner l’alerte quant à la dégradation de la situation dans laquelle se trouve le nord du Mali.
Elle met notamment l’accent sur les politiques d’embrigadement à l’égard des plus jeunes dans les groupes islamistes radicaux.
«Ils promettent et donnent des sommes d’argent, de l’ordre de 10.000 Francs CFA quotidiennement [l’équivalent de 15 euros], en disant aux parents qu’ils prennent les enfants pour leur enseigner le Coran. Et en fait, ils les amènent dans des camps d’entraînements et leur apprennent le maniement des armes» a ainsi confirmé la député de Bourem.
Selon elle, les populations vulnérables commenceraient à se satisfaire de la présence des islamistes, qui aident les populations à coup de «sucre», de «carburant» ou d’«électricité gratuite».
Pourtant, elle rappelle que les groupes comme le Mujao (Mouvement pour l’Unicité du Jihad en Afrique de l’Ouest), qui contrôle Bourem situé au nord de Gao, empêchent les femmes de sortir, battent les fumeurs, marient les jeunes filles de force et violent des femmes.
Plus encore, elle accuse directement le MNLA (Mouvement National de Libération de l’Azawad), la rébellion laïque à majorité touareg, d’avoir lui-même pratiqué ce genre d’exaction sur les populations du Nord-Mali. «C’est le MNLA qui a fait les viols. C’est le MNLA qui a saccagé. C’est le MNLA qui a fait tout ce que vous pouvez vous imaginer au moment de l’offensive» a-t-elle expliqué.
Le MNLA, c’est aussi la bête noire d’El Hadj Baba, député de Tombouctou. Pour lui, les hommes du mouvement «ont fait le travail des djihadistes qui les ont ensuite chassés». Selon lui, «ils veulent tromper la communauté internationale» en expliquant qu’ils veulent désormais une autodétermination. «Le Mali est un et indivisible» a-t-il expliqué.
Selon lui, le véritable danger qui se cache derrière le MNLA, Ansar Dine (les défenseurs de la foi) et le Mujao, c’est al-Qaida au Maghreb Islamique (Aqmi), qui est financé grâce au trafic de drogue et aux otages. Il a en outre indiqué que selon lui, le Mujao aurait été créé pour développer une assise locale et permettre que les rançons des otages restent au Nord-Mali, plutôt qu’elles ne s’échappent en Algérie.
Au sujet d’une intervention militaire, El Hadj Baba a affirmé que la position de la France était très importante, et que François Hollande était depuis très populaire au Mali. De la même manière, il a estimé que les groupes islamistes radicaux n’auraient aucune chance face à une armée organisée et déterminée.
Par Ambroise Védrines
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