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Qui est « le barbu rouge » du Sahel?

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Oumar Ould Hamaha, dit «le barbu rouge» ou «Hakka», est l’un des acteurs clés de la crise qui sévit au Nord-Mali depuis le mois d’avril. Son aisance orale et la radicalité de ses propos l’ont récemment propulsé à la tête des groupes islamistes qui dirigent aujourd’hui l’Azawad, et y font régner une forme de terreur religieuse.

Né le 5 juillet 1963 à Kidal selon ses dires (Radio Nièta le 1er octobre 2012), il fait partie de la communauté bérabiche (d’origine arabe) présente au Nord-Mali. Il a participé à la prise de Tombouctou le 1er avril 2012 au sein du groupe islamiste Ansar Dine (les défenseurs de la foi) avant de s’illustrer lors de la bataille de Gao contre le Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA) les 26 et 27 juin 2012. Il est désormais Chef d’Etat-major du Mujao (Mouvement pour l’Unicité du Jihad en Afrique de l’Ouest).

Oumar Ould Hamaha le "barbu rouge". Capture d'une vidéo AFP après la prise de Tombouctou le 1er avril 2012.

Opinions politiques et religieuses

Proche d’Al Qaida au Maghreb Islamique (Aqmi), Oumar Ould Hamaha préconise l’application stricte de la charia (la loi islamique) dans tous les territoires sous la coupe des islamistes. Il a le sentiment d’être chargé d’une mission sacrée justifiant tous les actes du Mujao,  une «bénédiction divine qui nous dirige et nous encourage» selon ses propres termes, lors d’une interview donnée à la Radio libre Nièta de Koutiala au su-est du pays le 1er octobre.

La reconnaissance de la charia est pour lui le seul préalable acceptable à des négociations politiques, auxquelles il se dit ouvert. Se voulant unificateur, il a en outre insisté à maintes reprises sur la nécessité de conserver l’unicité du Mali. «Pas de partition du Mali qui demeure et demeurera indivisible» a-t-il ainsi réaffirmé lors d’une interview donnée à la radio Nièta de Koutiala.

Ce positionnement explique en partie les affrontements qui ont eu lieu entre les mouvements Ansar Dine et Mujao contre le MNLA ouvertement sécessionniste lors de la bataille de Gao au mois de juin 2012. Il a d’ailleurs accusé ses anciens alliés du Mouvement National de Libération de l’Azawad de «prôner la désunion», quand lui préfère dire qu’ «il s’agit en fait que tout le monde soit uni sous le couvert de la religion».

A l’image du Mujao, Oumar Ould Hamaha préconise le Jihad (guerre sainte) partout où il lui sera possible d’aller, «sur toute la planète, s’il plaît à Dieu».

Un mystérieux personnage

Charismatique, Oumar Ould Hamaha parle parfaitement le français. Il dit lui-même avoir obtenu son baccalauréat en 1984 à Tombouctou. Sa barbe teinte au henné lui a valu d’être surnommé «le barbu rouge», ses hommes le surnommant aussi «Hakka» pour sa dextérité à utiliser le fusil d’assaut Kalachnikov AK 47 selon l’Express.

Toujours selon l’hebdomadaire français, le «barbu rouge» aurait pris contact dans les années 2000 avec l’Algérien Mokhtar Belmokhtar, l’une des principales têtes pensantes d’Al Qaida au Maghreb Islamique, qui l’aurait ensuite poussé à prendre la tête du Mujao. De nombreuses incertitudes demeurent pourtant quant à son parcours.

Citations

«C’est aux esclaves de se soumette à leur seigneur. La charia est une imposition divine. Si la population l’accepte ou pas, nous sommes là pour l’appliquer comme Dieu l’a dit dans le Coran.» A Radio Nièta le 1er octobre 2012

« Partout dans le monde, quand les musulmans nous appellent, on est prêts à venir les secourir.  À Gao, la population nous a appelé au secours, c’est pour ça qu’on est venu.  Si on nous appelle au Burkina, au Sénégal, ou même au Sierra Leone, on viendra! » Vidéo Youtube enregistrée le 16 avril 2012

Une vidéo d’entretien avec Oumar Ould Hamaha enregistrée par un médecin dans la cour de l’Hopital de Gao le 16 avril 2012

Mise à jour du 14 octobre 2012 : Oumar Ould Hamaha a menacé le président français François Hollande le 13 octobre selon l’AFP. Joint par téléphone, il a déclaré que « La vie des otages français (au nombre de six dans le Sahel, ndlr) est désormais en danger à cause des déclarations du président français qui veut nous faire la guerre. Lui-même, sa vie est désormais en danger. Il faut qu’il le sache ».

Cette mise en garde est intervenue après la déclaration du président français lors du sommet de la francophonie à Kinshasa, où François Hollande a rappelé sa détermination à combattre le terrorisme et à soutenir une intervention militaire au Nord-Mali : « C’est en montrant une grande détermination pour tenir notre ligne, qui est celle de la lutte contre le terrorisme, que nous pouvons convaincre les ravisseurs qu’il est temps, maintenant, de libérer nos otages ».

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Par Ambroise Védrines

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